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Des îles dans l’histoire (I)

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Un article de Brigitte Marin.

Pas une portion du littoral de la Méditerranée, mer entre les continents, qui ne se découpe, ne se fragmente en îles, en îlots et en récifs souvent périlleux pour la navigation. Comme l’affirmait Fernand Braudel dans sa monumentale étude, « La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II », parue après la Seconde Guerre mondiale, « les îles méditerranéennes sont plus nombreuses et surtout plus importantes qu’on ne le suppose d’ordinaire ». On retient le plus souvent les plus larges, petits mondes à part entière : la Sardaigne, la Corse, la Sicile, la Crète, Chypre… D’autres, moins étendues, constituent des archipels, aux traits géologiques parfois exceptionnels comme les îles éoliennes au large de la Sicile. Divers traits les distinguent, selon leur éloignement de la côte, leur accès plus ou moins aisé, leur place dans une constellation d’îlots ou leur solitude dans l’espace liquide.
Dans l’archipel toscan et dans celui des îles Pontines, traversés par Sillage-Odyssée, l’agrégat d’îles se fragmente en une poussière de petits îlots et d’écueils (les formicche, les faraglioni, etc…) sur lesquels l’expédition réalise des relevés naturalistes, dans le cadre de l’inventaire de ces habitats, refuges d’une biodiversité à protéger, qu’a lancé le Conservatoire du Littoral : l’initiative pour les « Petites îles de Méditerranée » (PIM).

L’importance historique des îles vient de ce qu’elles ont extraordinairement favorisé les contacts, la connexion des différentes micro-régions méditerranéennes entre elles, les flux et les échanges, en servant de point d’appui à la navigation ancienne, ce cabotage qui porte de promontoire en île, de rocher en rocher. La mer s’anime le long des côtes ; et selon les mots encore de Braudel, les îles ont été d’indispensables escales le long des chemins de la mer et dessinent entre elles, ou aux abords du continent, des plaines d’eaux relativement calmes, recherchées par la navigation et favorables à l’exploitation des ressources marines. D’où ce paradoxe. Ce sont souvent, d’une part, des terres âpres et misérables, où la vie reste précaire, et pour cette raison des terres d’émigration. Nombre d’entre elles demeurèrent peu occupées encore jusqu’aux XIXe et XXe siècles, car leurs populations étaient régulièrement menacées aux siècles précédents par les pillages et les captures des pirates barbaresques. Leur isolement en fit aussi, dès l’Antiquité, des lieux de relégation et d’exil, ou encore des pénitenciers. Moines ou ermites y trouvèrent des milieux favorables à la retraite, à la prière et à l’expiation. Conservatoires de traditions et d’usages dus à un certain repli, elles ont d’autre part aussi tenu un rôle de premier plan sur la scène de l’histoire, pour les communications, les échanges, les transferts qu’elles ont soutenus. Ainsi, « un secteur de grande histoire se surajoute à leur existence ordinaire » (F. Braudel).

 

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